Les crues dans les Ardennes
Les crues de la Meuse et de ses affluents sont un phénomène naturel et annuel. Dans certaines vallées, elles sont spectaculaires, et parfois catastrophiques. À Cheveuges où j’ai grandi, la vallée de la Bar avait certains hivers (avec la neige et le gel) un petit air sibérien !
Le fleuve, les rivières et les ruisseaux, entre l’automne et la fin de l’hiver, sortent de leurs lits et, dans les vallées assez larges, s’étalent dans les prairies, ce qui a pour effet de ralentir l’onde de crue. Là où au contraire les vallées sont plus étroites ou encaissées, le niveau monte rapidement, provoquant de nombreux dégâts.
Quoique plus rares, les inondations peuvent aussi arriver au printemps. Il ne faut pas oublier que ce phénomène, est normal et utile. En effet, en charriant quantité d’alluvions, les cours d’eau contribuent à fertiliser les sols. La plupart du temps, ces inondations ne durent que quelques jours. Mais lors d’épisodes de précipitations soudaines et intenses, ou prolongées, on observe des montées d’eau extraordinaires qui durent plusieurs semaines et sont qualifiées, selon leur ampleur, de crues décennales, vicennales, centennales.
On distingue trois types de crues (source : http://www.ardennes.gouv.fr/le-risque-inondation-dans-les-ardennes-a1084.html) :
• les crues à prédominance amont (comme celle d’avril 1983) : les précipitations sont fortes sur l’amont du bassin-versant, et les inondations y sont alors importantes mais le département des Ardennes n’est que peu ou moyennement impacté du fait de l’atténuation de l’onde de crue au cours de sa propagation.
• les crues à prédominance aval (comme celle de décembre 1993) : les perturbations sont localisées sur l’aval du bassin-versant (ou sur le bassin d’un affluent, comme la Chiers), et les parties médiane et amont ne contribuent que peu à la formation de la crue ; les inondations peuvent alors être importantes dans les Ardennes, et faibles dans les autres départements.
• les crues généralisées (comme celle de janvier 1995) : les perturbations se succèdent sur l’ensemble du bassin-versant, et les ondes de crues concomitantes engendrent des inondations très importantes, plus spécifiquement sur l’aval du bassin-versant.
Ces crues de 1995 ont été catastrophiques pour les Ardennes. Afin d’en comprendre le mécanisme, je vous recommande cette animation :
http://www.epama.fr/files_fr/epama_strategie/crue1995/epama_crue1995_synthese_son.php4
Après 1995, de nombreux travaux d’aménagement ont été réalisés sur l’ensemble du bassin de la Meuse, dont une impressionnante digue en amont de Mouzon, destinée à ralentir la propagation des crues.
Voir : http://eptb-meuse.com/files_fr/epama_projets/mouzon/epama6_mouzon_diag.php4
Depuis la fin de l’été, il pleut presque continuellement. Les sols déjà gorgés d’eau ont du mal à absorber les nouvelles précipitations (sauf en forêt). L’eau ravine des collines, emportant la terre végétale (certaines pratiques agricoles accentuent hélas le phénomène). Si rien ne l’arrête, l’eau chargée d’alluvions rejoint les cours d’eau, qui gonflent et débordent dans les plaines où des cultures sont certainement déjà compromises par endroits. Dans le secteur des Portes du Luxembourg, quelques routes sont coupées : entre Remilly et Douzy, et entre Remilly et Bazeilles. Cette zone, celle de la confluence Chiers-Meuse, montre bien ce processus d’accumulation et la montée des eaux. Dès que les pluies cessent (quelques jours) le niveau baisse, mais un nouvel épisode pluvieux fait remonter les niveaux. Pour l’instant on est encore loin des records de 1993 et 1995. Espérons que la pluie va enfin cesser à l’approche du printemps…
Pour suivre l’évolution des niveaux d’eau :